NOUVELLES EN FORME DE POIRE. "LA MOUCHE"

                                                     


EXTRAIT DE "LA MOUCHE"

...Je vais rentrer, tout à l’heure, quitter mon beau plaisir. 

Retrouver la chose tranquille qui habite en moi.

J’attends le moment où votre corps se soulève, 

où chacun de vos mouvements décide de cette lenteur élégante, 

marque un départ vers un essentiel que j’ignore.

Il se fait tard. 

Comment ? 

Vous ne partez pas ? 

Bon ! Je veux bien discuter encore un peu.

Non ! Je ne fais rien dans la vie!

Depuis quelques temps pourtant, 

je fais mon métier de vous attendre ici...

DINGUE!

                                                     


EXTRAIT DE  "C'EST DINGUE"

...Ma femme m'a quitté, il y a dix ans. Normal de se poser des questions... banal... Se poser des questions c'est bien... pouvoir y répondre c'est encore mieux. Ben je me demande...Quand on quitte une personne, alors qu'on lui a juré, à un moment donné, que c'était pour toujours, pour la vie... - A un moment donné... Ca, c'est très important, cette certitude là, à ce moment là !...alors qu'on sait pertinemment...que rien n'est éternel, et même que l'autre concerné le sait aussi, que rien n'est éternel... n'est-ce pas ?... Alors, qu'est-ce qui fait qu'on le croit, dur comme fer ? Parce que c'est tacitement partagé cette idée d'éternité... tout comme celle de son impossibilité... 

LOVE ME AND LEAVE ME

                                               


EXTRAIT DE   "LOVE ME AND LEAVE ME"


..Il y a la divorcée trois enfants, cherche papa.

Le premier rendez-vous, elle a réussi à fourguer les drôles à une amie. Au deuxième, on est présenté à toute la progéniture.

Les mômes, soit, vous jettent des regards suspicieux et restent muets comme des carpes. Soit, ils se collent à vos basques pendant des heures.

Et vous voilà, obligé d’écouter la grande épopée des dinosaures, domaine où forcément ils en savent plus que vous....

PEINTRE CHERCHE MODELE

                                                 




EXTRAIT DE "PEINTRE CHERCHE MODELE"


...L’histoire sans l’art ? Jamais vu, n’existe pas !... Il n’y a que l’artiste qui peut figer le temps. « Vois ce que tu fais, qui tu es, vois comme je te vois ! Qui d’autre que le peintre rend ton âme visible. Crois-moi !...Je te fouille... je te sais... je te couche...je te peins,... je t’aime dans tous tes instants... pleinement ! Qui d’autre ?...  Après la pose tu fais ce que tu veux, ne t’abîme pas tout de même hein ? Ne t’épuise pas sous d’autres regards....

POUR LA PETITE HISTOIRE

                                           

EXTRAIT DE " POUR LA PETITE HISTOIRE"

....Un matin, je m'arrêtai devant la vitrine d’un magasin de 

vêtements. 

Les mannequins étaient nus. ce n’était que vagues représentations 

de corps féminins. Des expressions figées, des courbes sèches, les 

seins, le sexe, tout était lisse, plastique . Bien sur, rien n’invitait à 

d'inavouables sensations...Comprends bien ce que je veux te dire !

Pourtant cela me fit un drôle d'effet.

Tout à coup quelque chose de dur frappa mon épaule. Je sursautai, 

me retournai et me trouvai face à une vieille dame, qui menaçait 

avec sa canne. Elle me cria :

« Vous n’avez pas honte ? Espèce de vieux dégoûtant !»...

LE MARDI, C'EST MON JOUR !

                                      

EXTRAIT DE " LE MARDI C'EST MON JOUR"


..Le mardi, au lit tout l’après midi. Après, la promenade dans les rues. 

Mes rues, ma ville, loin de la cité légitime. Main dans la main, corps ondoyants, scandaleux, rigolards. « Bonjour Madame, bonjour Monsieur », comme des amants tout neufs, hautains, j’en foutres, et compagnie. 

Oyez ! Oyez ! C’est mon tour ! C’est mardi !

 Et le joli bracelet et le joli collier, pour l’attachée bâtarde, et le « pour votre femme » du commandeur de plats, qui fait baisser les yeux. Et le filet de sole, la glace au chocolat, le regard de la salle, vers l’irradiée maîtresse, l’amante du mardi. 
Pauvre croyante, fille naïve du mardi !...

LETTRES D'AMOUR EN CARTESIE

Mon adoré, mon éclaireur,

Très tôt ce matin, la ville a encore les yeux fermés,

seules des lampades immobiles appuient leurs flammes contre l'obscurité.

Je pense aux allumeurs de réverbères qui arpentaient la nuit, ils commençaient leur journée

par éteindre.

Mais ces ouvriers qui également allumaient, étaient nommés « «allumeurs »,

je devine que c'eut été triste de les nommer « Éteigneurs ».

J'imagine aussi l’allumeur de l'unique réverbère, de la cinquième planète,

son travail est plein de sens pour le Petit Prince de Saint-Exupéry, 

pour lui, c'est une occupation utile que d'allumer un monde.

« C'est véritablement utile puisque c'est joli »

J'aurais bien envie, quelques fois, de te nommer ainsi : 

mon allumeur de réverbère...

Bonjour, donc, mon amour,

Bientôt les réverbères s'éteignent et s'allumerait le jour

si je t'y trouvais...

EXTRAIT DE "QUELQU"UN D'AUTRE"

...

- Tu m’as fait entrer dans ton lit.

- C’est un soir où j’avais froid.

- Nous avons fait l’amour.

- Eh bien mon dieu, rien là d’extraordinaire !

- Tu m’as dit que tu m’aimais...

- Sur le moment on dit de telles choses ! 

...

EXTRAIT DE "LONDRES"

...Régulièrement il m'envoie de l'argent. Au début je refusais,

puis j'ai compris. L est un homme seul. L'argent, ce sont ses heures, son travail sa sueur qu'il me donne en échange d'une existence à laquelle il peut penser de temps en temps...

EXTRAIT DE " J'ATTENDS QUELQU'UN"

....Mais il n'y a pas grand monde ce soir. Alors, Iris s’agite.

Elle va et vient à ne rien faire, dans la salle glisse les chaises sous les tables. Elle se penche, essuie,  en soufflant fort de lassitude, revient derrière le bar, s’accroupit de nouveau, range des bouteilles.

Bernard la suit du regard, ausculte ses formes...

Moi, j’attends quelqu’un...

EXTRAIT DE "VIE DE CHIEN"

...Une  soupe chaude, un peu de compassion honnête, 

je ne crache plus dessus comme au début.

Au début, on a encore un peu de fierté, 

« on a besoin de rien merci ».

 Surtout, quand on n’a jamais rien demandé 

à personne dans l’autre monde....

EXTRAIT DE "ANNIVERSAIRE"

...J’entre, je me renseigne sur le prix du stylo, 

je le prends dans les mains.

« C’est pour offrir ? me dit le vendeur »

« En quelque sorte » lui dis-je.

« Celui là est plutôt masculin, tenez

 celui-ci par exemple est très élégant ».

J’ai envie de lui dire « C’est pour moi, pour mon anniversaire »

et puis, je sens toute la solitude contenue dans cette phrase.

« Merci, mais je vais réfléchir ! »...

EXTRAIT DE "MATINALE"


...Elle se laisse tomber sur le sofa, façon équerre.

Bottée jusqu’à la cuisse, le bas top, un peu toque,

mais rien de factice à l’entre jambe, 

un joli minou roux et soyeux,

des lèvres rebondies comme deux joues/...